samedi 23 septembre 2017

Contribution à un état de l'alphabétisation en prison

Equipe alpha insertion de l’ASBL Aide et Reclassement

L’ASBL Aide et Reclassement mène, depuis 2007, le projet « Tremplin pour l’insertion » qui s’adresse de manière privilégiée à un public faiblement scolarisé au sein des prisons d’Andenne, Huy et Marneffe.  L’asbl est respectivement agréée en tant que service d’aide aux détenus, d’aide aux justiciables et association d’éducation permanente.  Le projet « Tremplin pour l’insertion », cofinancé par le Fonds social européen, se caractérise par une synergie entre des formations ou activités collectives (alphabétisation, Français langue étrangère et remise à niveau) et des modalités spécifiques d’accompagnement social de ce public (guidance d’insertion).  Le dispositif mis en place, depuis une dizaine d’année, a notamment pour vocation de renforcer l’offre de formation en ciblant de manière privilégiée un public (principalement allophone) ne maîtrisant pas le français oral ou écrit.  En 2016, l’asbl a organisé 2 modules de FLE et 4 modules d’alphabétisation pour un total de 2600h.  Elle a, en outre assuré l’accompagnement social des stagiaires des formations préqualifiantes dans ces trois prisons (alpha-FLE et remise à niveau) soit un total de 141 stagiaires.

Participation de la FAFEP et de sept de ses membres au projet Reinsert de l’Enseignement de Promotion sociale.  

Depuis 2009, la Fédération des Associations de Formation et d'Education en Prison et plusieurs de ses membres sont engagés dans la mise en œuvre du volet associatif du projet Reinsert, bénéficiant à ce titre d’un soutien du Fonds social européen. Le projet a pour objectif principal l’orientation et l’accompagnement pédagogique des « détenus – étudiants ».

Grâce à l’utilisation d’un dossier pédagogique commun, le dispositif permet notamment la détection de candidats présentant des difficultés particulières au niveau de la lecture et de l’écriture et  la mise en place de remédiations.

Cinq associations membres de la FAFEP participent  à cette initiative depuis la précédente programmation du FSE :Adeppi,  Aide et Reclassement, l’ORS-Espace Libre de Charleroi, le SLAJ-V de Bruxelles 2, le SLAJ. de Neufchâteau.  Deux services supplémentaires se sont joints aux partenaires dans le cadre de la nouvelle convention signée par la ministre Simonis, en décembre 2015,: le SAD de Marches (l’Autre lieu) et celui de Tournai II. Le nombre d’établissements couverts est ainsi porté à 15

Pour l’ensemble des partenaires, l’année 2016 a été marquée par le mouvement de grève qui a bloqué les prisons  pendant près de deux mois. Dans ce contexte, les responsables pédagogiques ont été empêchés de remplir leurs missions et la majorité des cours organisés ont été interrompus. La rentrée de septembre a été particulièrement difficile pour les équipes et pour les différents opérateurs de formation.

Le besoin d’échanges renforcés se faisant ressentir, dans ce contexte difficile, la FAFEP a plaidé pour une relance des comités locaux de suivi (CLS), organes de concertation mis en place dans le cadre du projet Reinsert, au sein de chacune des prisons.  Une rencontre a été organisée avec la Direction régionale de la DG EPI afin de faire connaître les préoccupations des associations partenaires.

Pour en savoir plus sur l'offre de formations en prison,
consulter l'analyse de l'offre de services aux détenus à Bruxelles et en Wallonie publiée par la CAAP
ou le 8° Etat des lieux de l'alphabétisation,  à paraître.

Daniel Martin,
Coordinateur 
Asbl Aide et Reclassement





                          

lundi 3 avril 2017

Vers une transition réussie ?

Sortir de prison ... vers une transition réussie?  Tel était le thème de la journée de réflexion organisée ce vendredi 31 mars, par la Concertation des Associations Actives en Prison dont fait partie Aide et Reclassement.  Au programme de cette journée, la présentation d'un rapport concluant un cycle de réflexion de deux années,  autour de deux axes principaux : les dispositifs existants en matière de insertion et le projet de "maisons de transition" comme élément complémentaire à ces dispositifs (*). Un large panel de participants avait répondu à l'appel de la CAAP qui, rappelons le, regroupe une cinquantaine d'associations actives en prison. Introduite par la présidente, Jacqueline Rousseau et par le Ministre de tutelle, Rachid Madrane, la matinée comportait une présentation du rapport par ses auteures Mélanie Bertrand et Séverine Clinaz, les deux chargées de mission de la CAAP.  Venaient ensuite deux focus thématiques en plénière :
- le droit à un logement pour remettre la personne dans un projet, par Marie-Claude Chainaye.
- le justiciable, un SDF, un toxicomane, un sans-emploi comme un autre par Jacques Moriau.
Ponctuée par les témoignages vidéo de personnes (ayant été ou toujours) incarcérées, ces interventions se prolongèrent en un débat nourri.

L'après-midi était organisée en une demi-douzaine de tables rondes couvrant la double thématique du rapport.  Quatre tables-rondes se proposaient d'approfondir des thématiques en rapport avec la 1° partie "sortie de prison" : l'accès au logement des sortants de prison; la continuité des soins; le projet de (ré)insertion individualisé; les relations familiales et affectives.  Deux autres se penchaient sur différents aspects du projet de maisons de transition.
Nous nous intéresserons ici plus spécialement à la table ronde 3, intitulée : "Quelle place pour l'élaboration d'un projet d'insertion individualisé adapté au profil de la personne sortant de prison ?"

Plusieurs projets innovants en cours y étaient présentés : AMONT-AVAL du SASJ Liège 1 à Lantin;
TREMPLIN POUR L'INSERTION  développé depuis dix ans par AIDE ET RECLASSEMENT à Andenne, Huy et Marneffe; REINSERT extra muros, mis en place par l'Enseignement de Promotion Sociale dans toute la partie francophone.  S'y ajoutait un projet en cours d'élaboration et toujours à la recherche d'un soutien, le projet DELTA, porté par les ASBL ADEPPI ET APRES.


Notre coordinateur a rappelé le contexte et les principales hypothèses de travail adoptées par le projet Tremplin pour l'insertion  mené avec le soutien du Fonds social européen avant de développer deux de ses spécificités : la guidance d'insertion et les suivis psychologiques ambulatoires qui précédant la libération.


L'objectif général du projet est l'optimisation de l'offre de services aux personnes incarcérées, pendant  la phase préparatoire à la libération et durant les premiers mois qui suivent le retour en liberté, de manière à réduire les risques de sans-abrisme et à renforcer les chances d'accès  aux stades ultérieurs du parcours d'insertion.

La Guidance sociale d'insertion des stagiaires des formations (pré)-qualifiantes pendant et après la formation.
L'accueil social des candidats aux formations de remise à niveau, alphabétisation et français langue étrangère est mis à profit pour un diagnostic de leur situation sociale, reprenant les points cruciaux dans la perspective de la préparation d'une sortie de prison. Pour les candidats qui n’ont pas déjà été en contact avec nos services, cette accueil social inclut un travail sur la motivation, l'ébauche du projet personnel de gestion du temps de détention, les démarches en vue de la régularisation de la situation administrative et, s’il y a lieu, de l'inscription comme demandeur d'emploi. Ce travail est effectué en concertation avec la responsable pédagogique.

Un accompagnement social individuel des stagiaires inscrits dans les filières pré-qualifiantes, est assuré dans trois établissements.  Au CPE Marneffe, il est étendu aux filières de soutien à la formation professionnelle et d'aide à la réinsertion. Pendant la durée de formation, la guidance inclut : des entretiens individuels réguliers, la  gestion sociale des problèmes émergeant durant la formation et susceptibles d'interférer avec le déroulement de celle-ci, un travail individuel sur les compétences sociales et la responsabilisation.  La position de l’agent de guidance est d’accompagner la personne dans l’élaboration de son propre projet et de l’inciter à effectuer elle-même, ses démarches. Ce travail se fait en concertation avec les formateurs. Le fil conducteur est la gestion active du temps de détention et l’élaboration progressive des éléments du plan de reclassement. 

Le suivi social des stagiaires qui arrive au bout du module de cours se prolonge, durant une période post-formation de 3 mois minimum. Cette phase d'intervention vise la consolidation des acquis pour le plan de reclassement, l'accompagnement dans les démarches en vue de la finalisation et de la présentation de celui-ci devant les instances compétentes, et, le cas échéant, l'accompagnement de la transition vers les formations qualifiantes ou l’insertion socioprofessionnelle.  Elle peut, en fonction des besoins, être prolongée pour une période maximale de 6 mois.
 
Ajoutons pour conclure, qu'un accent particulier a été mis, pour la nouvelle programmation (2014-2020), sur l'articulation entre les actions en prison et hors prison.
Il s'agit, d'une part, de favoriser l'amorce d'une prise en charge psychologique ou sociale ambulatoire, dès la phase de préparation de la sortie, en particulier, lors de permissions de sortie, de congés pénitentiaires ou d'une mise sous surveillance électronique.  Dans une trentaine de cas, un suivi ambulatoire psychologique peut ainsi être amorcé dès cette phase préparatoire à la libération.  
Il s'agit, d'autre part, de développer les synergies inter services, en vue d'un accompagnement plus soutenu, durant les premiers mois suivant la sortie de prison. 

Nous reviendrons prochainement sur le rôle des suivis psychologiques dans le cadre de nos actions.

 (*) Sortir de prison... Vers une transition réussie?  Des dispositifs existants en matière de (ré)insertion à l'hypothèse des maisons de transition. Rapport disponible sur le site www.caap.be